Dumas entre
au Panthéon

Alexandre Dumas, l'auteur prolifique des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte Cristo, est entré samedi au Panthéon lors d'une cérémonie solennelle au cours de laquelle Jacques Chirac a affirmé que la République "réparait une injustice" envers un "homme de passion et de combat".

"Avec vous, c'est l'enfance, ses heures de lecture savourées en secret, l'émotion, la passion, l'aventure et le panache qui entrent au Panthéon", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours prononcé sous les colonnes du Panthéon. "Avec vous, nous avons été d'Artagnan, Monte Cristo ou Balsamo, chevauchant les routes de France, parcourant les champs de bataille, visitant palais et forteresses. Avec vous, nous avons emprunté, flambeau à la main, couloirs obscurs, passages dérobés et souterrains. Avec vous, nous avons rêvé. Avec vous, nous rêvons encore", a-t-il souligné.
Le gouvernement, de Jean-Pierre Raffarin à Pierre Bédier, était représenté quasiment au grand complet sur le parvis du Panthéon. Sollicité en avril 2001 par Didier Decoin, président de l'association des amis d'Alexandre Dumas, Jacques Chirac avait signé le 26 mars dernier le décret de "panthéonisation" de l'écrivain, qui reposera désormais aux côtés d'Emile Zola et Victor Hugo. La France célèbre cette année le bicentenaire de la naissance de l'auteur de la "Légende des siècles" et d'Alexandre Dumas, "deux enfants qui allaient incarner l'esprit de leur temps", selon les termes de Jacques Chirac.

Quatre mousquetaires

De Villers-Cotterêts, commune de l'Aisne où il naquit le 24 juillet 1802, à la crypte du Panthéon, les cendres d'Alexandre Dumas auront suivi cette semaine un périple emblématique. Sa dépouille a été exhumée mardi dernier du caveau familial, au cimetière de Villers-Cotterêts où il reposait depuis 1872, puis amenée vendredi au château de Monte Cristo, demeure qu'Alexandre Dumas fit construire à Port-Marly (Yvelines). Le cercueil, recouvert d'un drap de velours bleu brodé de la devise des Mousquetaires "Un pour tous, tous pour un", a quitté la demeure de Monte Cristo samedi matin pour Paris. Escorté par la garde républicaine, il a d'abord fait étape au Sénat, où un premier hommage a été rendu à l'écrivain en présence du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon.
Le cercueil a ensuite gagné sa dernière demeure, porté par quatre hommes et entouré de quatre mousquetaires à cheval, cheminant sous le regard de centaines de personnes, place Edmond Rostand et rue Soufflot, dans le Ve arrondissement de Paris. Tout au long du parcours, plusieurs dizaines de comédiens en costume d'époque, flambeau à la main, accompagnaient un petit théâtre, "le théâtre d'Alexandre", installé sur un chariot tiré par deux chevaux. Des comédiens y ont joué des extraits des pièces du dramaturge, de Richard Darlington à la Tour de Nesle, au rythme d'un orchestre de percussions.

JFN
(2 décembre 2002)

"Cuba par Korda"

L'auteur de la célèbre photo de Che Guevara au béret, le Cubain Alberto Diaz Gutierez "Korda", est à l'honneur chez Calmann-Lévy qui publie un livre de photos et de témoignages qui est à la fois un livre d'art et d'histoire, alors que l'on célèbre le 40e anniversaire de l'"affaire des missiles".

Ce livre testament, "Cuba par Korda", commencé avant le décès de Korda à Paris en mai 2001, contient notamment de nombreuses photos inédites de l'époque où le photographe suivait Fidel Castro dans ses voyages à l'étranger, comme aux Etats-Unis ou dans l'URSS de Nikita Khroutchev. Mais avant d'être photo-journaliste et d'entrer lui-même dans l'histoire avec une seule photo mondialement connue, Korda fut un photographe de mode influencé par Richard Avedon, aimant les femmes et inspiré par sa muse Norka, un mannequin d'origine Sioux qui fera carrière à Paris chez Dior. Le livre contient de très belles photos de cet aspect peu connu de son travail.
Sous la direction du photographe Christophe Loviny, admirateur de Korda, sont également rassemblés des textes et documents et de très nombreuses anecdotes d'intérêt souvent historique. Parallèlement à la sortie de ce livre, la FNAC Paris organise à l'occasion du Mois de la photo une exposition de photographies de Korda sous le titre "Le regard du coeur" au Forum des Halles à Paris, de novembre à janvier. Les photographies de cette exposition feront l'objet d'une vente aux enchères le 14 novembre à la FNAC-Etoile au profit des artistes cubains.
("Cuba par Korda", sous la direction de Christophe Loviny, Calmann-Lévy/Jazz éditions, 25,90 euros)

JFN
(6 novembre 2002)

Un "possible" nouvel
Harry Potter à Noël

L'auteur de la série Harry Potter, J. K. Rowling, a jugé "possible" que le cinquième volume des aventures du jeune sorcier soit dans les librairies à Noël, dans un entretien publié par le Times. La romancière britannique a refusé d'en dire plus, répondant seulement "peut-être" au journaliste.

Le cinquième opus, qui sera intitulé "Harry Potter et l'Ordre du Phoenix", selon la traduction du titre original anglais, sera à peu près aussi épais que le précédent, "Harry Potter et la coupe de feu" (636 pages dans la version anglaise), à en croire Joanne Kathleen Rowling. La romancière a indiqué que l'ouvrage, entamé en 2000 et qui a fait l'objet de nombreuses rumeurs -notamment sur une supposée panne d'imagination de son auteur-, en était au stade de la finition.
Sur CBBC, la chaîne câblée pour enfants de la BBC, J. K. Rowling s'est voulue plus prudente, affirmant simplement "qu'une bonne partie du livre est écrite". "Je ne veux vraiment pas en dire plus, car si je donne une date et que je ne m'y tiens pas, tout le monde sera déçu", a-t-elle ajouté. "Je dirais que j'ai un début, un milieu et une fin, vous pouvez le lire de bout en bout et je sais que beaucoup de fans d'Harry Potter vont demander qu'on le leur donne tout de suite", a poursuivi l'auteur de ce succès éditorial international.
La romancière a indiqué au Times avoir déjà l'intrigue du sixième et du septième -et dernier- volume de la saga. J.K. Rowling attend à l'âge de 37 ans son deuxième enfant, comme l'a annoncé un porte-parole de la romancière, précisant que la naissance était prévue au printemps. En décembre dernier, la jeune femme avait épousé en secondes noces un médecin, Neil Murray, 31 ans, au cours d'une cérémonie privée en Ecosse. Elle est déjà mère d'une fille de neuf ans, Jessica, issue d'un premier mariage.

JFN
(26 septembre 2002)

Interdite, la vérité
ne l’est plus...

La semaine passée, en Suisse, la Cour de Justice de Genève a levé l’interdiction du livre "Ben Laden: la vérité interdite".

A l’origine interdit à la demande du demi-frère d’Oussama, le financier Yeslam Binladin, ce livre devrait désormais être disponible dans toutes les librairies helvétiques. Yeslam Binladin avait déposé sa plainte en affirmant que certaines parties de ce bouquin portaient atteinte à sa personne ainsi qu’à sa société, la Saudi Investment Company (SICO).
En effet dans le livre, les auteurs décrivent cette société comme l’une des plus opaques du groupe de la famille saoudienne, le Saudi Bin Laden Group. Ils n’hésitent pas à montrer du doigt les éléments prouvant que cette société, ainsi que le groupe dans son ensemble, comporte certains liens avec des réseaux frauduleux.
Mais qui aurait pu en douter?

Un semblant de justice

Ne doutant vraiment de rien, lui, Yeslam Binladin exigeait 13,74 millions d'euros, de réparation pour dommage moral. Mais après la décision de la Cour de justice au sujet du bouquin, la seule réparation de dommage moral qu’il obtînt fut l’obligation de payer les frais de procédure.
En plus de cela, des actions policières ont commencé à l'égard de cet homme aux pratiques plus que floues.
Après que le Tracfin, cellule de lutte contre le blanchiment du ministère français de l'Economie, eut repéré des mouvements de fonds suspects transitant par Paris, le parquet de la Ville a ouvert en décembre 2001 une information judiciaire pour "blanchiment" visant la SICO.
Le 20 mars, la villa de Yeslam Binladin à Cannes (sud-est de la France) a été perquisitionnée dans le cadre de l'enquête menée par le juge Renaud Van Ruymbeke.
A la demande du juge, la police suisse a également perquisitionné le 27 mars quatre propriétés de M. Binladin en Suisse, ainsi que neuf sociétés de son groupe, à Genève, Berne, Zoug et Zurich.
Quand on voit de quel genre de famille dispose Oussama Ben Laden, il devient plus facile de comprendre comment le financement de son réseau terroriste "Al Quaida" a été possible.

Julien Gilles
(6 mai 2002)

Le bilan de "BD
à Bastia"

"BD à Bastia", le festival de Haute-Corse dont la 9e édition s'est tenue de jeudi à dimanche, a mis la profondeur du noir et blanc en vedette cette année, mais aussi explosé en couleurs, jouant à la fois dans la cour des grands et celle des petits.

La programmation a en effet mêlé BD et illustration, livres pour jeunesse et pour adultes, évasion et réflexion, auteurs les plus novateurs et notoriétés les plus assises. "C'est ainsi que nous entendons briser des frontières artificielles entre les diverses formes de création, instaurer des passerelles et jouer sur l'harmonie", estime Dominique Mattei, la directrice du centre culturel, "Una volta", de Bastia, et l'organisatrice du festival le plus culturel du neuvième art.
Un festival qui invite les auteurs et non les éditeurs, qui ne tient pas "salon" mais organise des "rencontres" entre les créateurs et le public et privilégie la convivialité.

Les mythiques

Du côté noir et blanc, ce fut l'exposition-vedette, "A l'encre noire", présentant, dans une scénographie jouant sur les ombres et la lumière, une douzaine d'auteurs emblématiques de tous temps et tous pays depuis Milton Caniff, Will Eisner, Hugo Pratt, Robert Crumb, Jose Munoz... jusqu'à Vincent Fortemps, Thomas Ott, Pascal Rabate ou Jean-Marc Rochette qui a dessiné l'affiche du festival.
Ce fut aussi l'expo consacrée à Edmond Baudoin, un maître du trait au pinceau trempé dans l'encre de Chine, ou encore l'exposition collective d'auteurs "nouvelle vague" comme Marjane Satrapi, Yvan Alagbé ou Jochem Gerner, sur le thème de la valise et du voyage. Quelques touches teintées cependant, ici et là, rehaussant le trait des uns et des autres puis il y eut l'explosion, la débauche des couleurs, l'arc en ciel, le feu d'artifice avec les expositions consacrées à la jeunesse, celles célébrant l'oeuvre de Grégoire Solotareff, de Lorenzo Mattoti et de Sandrine Revel.
La cinquantaine cette année, Solotareff est une "institution" dans le monde de l'illustration jeunesse avec 150 albums à son actif (textes et dessins). C'est un pionnier ayant inauguré, il y a quinze ans et quasi seul de son espèce alors, la lignée d'une littérature jeunesse française maintenant en pleine expansion. Grands aplats de couleurs vives pour animer des lapins, des crocos, des loups sympas et des sorcières pas bien méchantes et raconter légèrement des histoires graves.

Le non-conformiste

Si Solotareff est totalement "étranger" au monde de la BD et entièrement tourné vers l'enfance, Lorenzo Mattoti, l'Italien de Paris, la cinquantaine lui aussi, a toujours navigué entre illustration, affiche, bande dessinée adulte et albums pour enfants. Démarches différentes, appropriées chacune à ses publics mais même style flamboyant, expressionniste, tout de sinuosités et de rotondités, déformant la réalité et éclatant de couleurs vibrantes, Mattoti est aussi à l'aise dans des adaptations comme "docteur Jekyll", de "Pinochio" ou des histoires originales. La trentaine seulement, Sandrine Revel, qui ne se reconnaît qu'en BD, est une jeunette débutante à côté des deux poids lourds, mais elle a une pêche d'enfer avec sa série "Un drôle d'ange gardien", mettant en scène un diablotin malicieux. Là encore, des couleurs pétantes pour un dessin original et une histoire non conformiste.

JFN
(8 avril 2002)

Dumas au Panthéon

1.802: année exceptionnelle! Victor Hugo et Alexandre Dumas (père) sont nés cette année-là: deux noms remarquables qui ont porté au plus loin et au plus haut la langue française.

Enterré dans sa ville natale, Villers-Cotterêts (Aisne), la date du transfert des cendres de Dumas au Panthéon a été finalement déterminée, après des mois qu'on l'étudie.
Pour fêter dignement le bicentenaire de la naissance de Dumas, Jacques Chirac a annoncé que la cérémonie se déroulera cet automne, puisque l'anniversaire de la naissance d'Alexandre tombe le 24 juillet, pleine période de vacances.
Alors, "nous nous retrouverons à l'automne dans un grand élan national pour la cérémonie d'entrée d'Alexandre Dumas au Panthéon", se réjouit Chirac.
"Par ce geste, la République donnera toute sa place à l'un de ses enfants les plus turbulents et les plus talentueux, à l'un de ses génie les plus féconds dont toute la vie fut au service de notre idéal républicain", a-t-il souligné en présence du secrétaire d'Etat au Patrimoine Michel Duffour, des représentants de l'Académie française et de la Société des amis d'Alexandre Dumas.
Enfin, il fut un des écrivains les plus couronnés de succès et prolifique de l'histoire de la littérature. Poésie, nouvelles, romans, ouvrages historiques, récits de voyage, théâtre, Dumas a tout écrit et tout vécu. Il est l'auteur de 80 romans, dont on rappelle "Les trois Mousquetaires", "Le comte de Monte Cristo", "Le vicomte de Bragelonne", "La reine Margot", "L'Alchimiste", "La Guerre des femmes", etc.

Alexandra Botelho
(4 avril 2002)

Saddam Hussein:
deux best-sellers!

Deux nouveaux romans anonymes seront bientôt mis en vente en Irak. Les intellectuels irakiens sont convaincus que l'auteur n'est autre que leur président.

Trop modeste pour signer de son nom, Saddam Hussein est devenu un écrivain à succès qui se cache dans l'ombre de l'anonymat. D'après la presse de Bagdad, deux nouveaux romans anonymes seront publiés prochainement, le premier paraîtra en avril et le deuxième avant la fin de l'année. Quant à l'auteur, les rumeurs sont unanimes: c'est le même que celui qui avait publié en 2001 et en 2000 "La forteresse inexpugnable" et "Zabibah et le roi".
Ces deux best-sellers anonymes, qui avaient fait un tabac en Irak lors de leur parution, ont été attribués au chef de l'état. En fait, le ton patriotique et les nombreuses références politiques, notamment à la guerre du Golfe, induisaient la plume de Saddam Hussein en personne. Or le foisonnement inattendu de passages érotiques explicites a fait hésiter quelques esprits qui ont donc soupçonné que l'auteur était Odai, le fils aîné du président.

65e anniversaire de Saddam Hussein

Le 27 avril, le président Irakien fêtera son 65e anniversaire. A cette occasion "Zabiba et le Roi" va être monté au théâtre par le poète palestinien Adib Nasser. Un roman patriotique en raison de "sa signification profonde symbolisant l'amour de la patrie et de la nation".
Il raconte l'histoire d'un roi très populaire amoureux d'une femme pauvre et mariée, qui refuse de convoler en secondes noces avec lui. Or autres rois se coalisèrent contre lui et le renversèrent. Zabibah, la bien-aimée du roi, est violée et tuée le 17 janvier, jour du début de la guerre du Golfe.

Alexandra Botelho
(26 mars 2002)

Bernard Werber,
homme du futur

Découverte de ce jeune écrivain français. Ses œuvres, mêlant intelligemment philosophie, science et aventure peuvent d’ores et déjà être considérées comme des références littéraires à ranger dans votre bibliothèque!

Passionné par l’écriture depuis sa plus tendre enfance (il écrit sa première nouvelle à 7 ans), Bernard Werber connaît un parcours exotique. A seize ans il commence l’écriture d’un premier manuscrit pour un projet de bande dessinée... "Les fourmis". Il tente sa chance en droit mais opte finalement pour le journalisme. Très vite, son talent d’écriture est reconnu et il devient journaliste scientifique au Nouvel Observateur.
Il continue l’écriture des "Fourmis" et se passionne pour ces insectes. Il les étudie de près, très près même puisqu’il va jusqu’en Afrique afin de réaliser un reportage sur les "marées de fourmis". Après 12 ans d’écritures et une centaine de versions toutes différentes les unes des autres, enfin: le livre est publié!

Werber: mécanisme

"Les fourmis" vont connaître le succès et lui permettre de publier ses autres créations par la suite. Dans ce livre, Werber impose son style.
Une architecture de récit complexe où plusieurs histoires mêlant aventure et informations scientifiques se croisent audacieusement. Car Werber c’est ça, des histoires amusantes à lire, pleines d’actions où l’on apprend beaucoup de choses de par le soucis du détail et d’exactitude dont il fait preuve.
Mais bien entendu ce n’est pas tout, si je vous parle de cet auteur avec tant d’entrain, c’est qu’il propose dans chacun de ses bouquins une approche philosophique de la race humaine. Il critique, donne des pistes de réflexion, met en évidence des problèmes latents de notre société. Et ceci avec une telle transparence que, à la lecture de ses ouvrages, on réfléchit automatiquement dans le sens où il l’a décidé.

Après quelques lectures, la chose devient évidente. Sous ses airs de petit romancier de science-fiction, Bernard Werber utilise ses thèmes, non pas vraiment pour les faire connaître du public mais pour inciter à une prise de conscience. Il veut que ses lecteurs sortent changés de l’aventure.
Il ne faut pas sous-estimer l’importance des idées développées, le moindre détail a une grande importance. Le thème de l’homme spirituel, qui cherche à comprendre les choses en les respectant, revient sans cesse. Il est facile de passer outre et pourtant là est, selon moi, son thème principal. Ce jeune homme se permet de nous apprendre comment parvenir à perpétuer notre espèce. Bien sûr il faut se placer dans le contexte politique, social et écologique qui est le nôtre. Les livres de Werber y sont adaptés, ils nous proposent non seulement une analyse originale mais également des propositions de solutions... pourtant si simples, mais ignorées de tous.

Julien Gilles
(19 mars 2002)

Mort et naissance
de Georges Perec

Né le 7 mars 1936, Perec est mort quatre jours avant ses 42 ans, le 3 mars 1982. L'homme est mort, il subsiste donc le grand nom de la littérature du XXème siècle.

Il y a 20 ans, Georges Perec meurt d’un cancer du poumon, laissant une œuvre inachevée mais inépuisable pour les critiques de la littérature contemporaine.
Il se fait connaître en 1965 (il a alors 29 ans) avec "Les Choses", son premier succès littéraire qui lui a rapporté le prix Renaudot. Dans ce premier bouquin on trouve déjà en germe l'originalité de Perec qui séduira à toujours les amants du "nouveau roman": un style singulier, une écriture multiforme et inclassable.
Dès lors son œuvre prolifère: "Un Homme qui dort", "Disparition", "W ou le souvenir d'enfance", "La vie Mode d'emploi", parmi d'autres. Depuis toujours son style attire la critique littéraire. Il a suscité plusieurs études, essais, thèses, colloques, séminaires, etc. On a même crée l’Association Georges Perec liée au centre de documentation de la bibliothèque d'Arsenal.

"L'écriture (...) le seul moyen de [se] réconcilier avec [lui] et le monde"

Fils de juifs polonais émigrés en France, son père meurt en 1940 sur le front pendant la seconde guerre mondiale (Georges n’avait que six ans); sa mère disparaîtra peu après dans l’enfer des camps d'Auschwitz. L'œuvre perequienne sera inévitablement marquée par ce double deuil: "J’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture; l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie".
Orphelin, il souffre d’une profonde dépression, qui l'enlise dans une psychanalyse: il veut retrouver son enfance oubliée, il essaye de la revivre par l'écriture. La littérature est le lieu par excellence où il se recrée un foyer, où il peut rencontrer son passé, le souvenir de ses parents et peut-être revivre une enfance normale.
Comme le disait Marcel Benabou, fidèle compagnon de Perec: "Il avait avec la littérature des rapports qui étaient infiniment plus intimes que les nôtres...il l’avait en quelque sorte substituée à sa famille". D'une façon discrète et simple, il a réintroduit dans les livres sa douleur personnelle et les marques d'une vie marquée par le sentiment du vide, de l’absence de ses parents.
Pour mieux connaître les circonstances qui ont entouré l'émergence de l'écrivain et la naissance d'une oeuvre remarquable, lisez "Portrait(s)" de Georges Perec, un livre dirigé par Paulette Perec. Ce nouveau livre foisonne d'aspects inédits! Il repose sur des témoignages des amis de l'écrivain, des photographies et des manuscrits: plus d'une trentaine de feuillets attestent du style de son écriture, des états préparatoires des livres, nous donnant aussi à lire de petits textes jamais publiés (variations de poèmes, réflexions sur ses oeuvres).

Alexandra Botelho
(04 mars 2002)

"Princesse des rugos:
mon histoire
"

"J’ai vu mon pays debout, je l’ai vu se casser la jambe, mes enfants le verront se relever". Un livre touchant par le message d'espérance et le témoignage de persévérance dans une lutte sans fin.

Esther KAMATARI, fille du prince Ignace et de la princesse Agrippine, née en 1951, au Burundi, nous raconte son histoire, l'histoire de son peuple massacré par la hargne des hommes, dont les victimes innocentes n'en comprennent pas les raisons. La solidarité ancestrale du peuple Burundais, le rugo, s'est défaite. Depuis 1964, subsiste l'insoutenable haine entre Hutus et Tutsis.
L’assassinat de son père marque à jamais le destin de la princesse. Encore adolescente, elle part là-bas, à Paris. Sa beauté éclate et son sourire subjugue. Esther conquiert naturellement le monde de la mode: c'est le premier top-modèle africain, défilant pour Cacharel, Kenzo, Rabanne, entre autres.
Or le succès ne lui fait pas oublier son "peuple patient et tranquille", son enfance, sa famille.
Au faîte de la gloire, elle se livre à l'action humanitaire, au bénéfice des enfants d'Afrique. "J'ai fui ma patrie après les massacres des miens. Princesse burundaise devenue top-model à Paris, j'en appelle aux valeurs qui ont fondé mon pays: que les enfants ne paient pas la folie des hommes".

Porte-parole

Dès les années 80, profitant de sa forte renommée, elle devient la porte-parole de son peuple, s’engage activement à conquérir la joie et les moyens de garantir l'éducation des enfants délaissés du Burundi. Pour contribuer à essuyer leurs larmes, la princesse remue ciel et terre, la France et ses ministres, l’Unesco ou le H.C.R. Elle fonde des associations, développe des actions caritatives, notamment "Un enfant par rugo", dont le slogan nous montre le besoin d'un tout petit geste de solidarité pour apporter le bonheur là où il n'existe pas: "Un simple stylo de marque Bic, et c’est déjà le début de la liberté. Ici, ce n’est rien. Là-bas, c’est beaucoup!".
Enfin, un livre qui nous invite à être plus solidaires et surtout persévérants dans le rude combat contre la misère et la haine qui ravagent le monde. Peu importe si nos gestes ne suffisent pas à éteindre la guerre et la faim, mais s'ils déclenchent un sourire chez un enfant c'est déjà le début du bonheur!

Alexandra Botelho
(26 février 2002)

"L'homme qui
ne s'aimait pas
"

"Cent fois, il a pensé s'arrêter, cent fois, il a continué. Cent fois, il a trouvé les autres meilleurs que lui ; cent fois, il les a battus. Toute sa vie il a fait de la politique comme on va au boulot: chaque matin, sans se prendre pour le maître du monde."

Eric Zemmour, grand reporter au Figaro, vient d'écrire "L'homme qui ne s'aimait pas". Qui est cet homme? Jacques Chirac.
Voilà, le titre était déjà intrigant, mais le personnage principal l'est encore plus, surtout si l'on comprend: "Chirac ne s'aimait pas". Intéressant, non?
Si le titre nous suggère une analyse psychanalytique, le personnage nous renvoit plutôt vers une lecture politique. En fait, le livre oscille entre le publique et le personnel, entre l'homme et le politicien. L'auteur s'est appuyé sur les rapports du président avec proches, Bernadette, Claude... et notamment avec son père. D'après Zemmour, ces rapports expliquent le comportement politique de cet homme qui vit entre le rêve de s'opposer et le devoir d'y renoncer, qui évolue de la gauche vers la droite.
Difficile aussi de définir sur quel point de vue l'auteur envisage son personnage: admiration? ironie? Zemmour considère tantôt Chirac comme un bûcheur, un déterminé tantôt comme un homme qui manque d'idées. Le livre est dominé par des revirements, à l'image de la scène politique.

Alexandra Botelho
(11 février 2002)

Fifi Brindacier
orpheline

L'écrivain suédois Astrid Lindgren, la "maman" de Fifi Brindacier était considérée comme le plus grand auteur de son époque en Suède. Elle vient de mourir à l'âge de 94 ans dans son appartement du centre de Stockholm.

Elle était née le 14 novembre 1907 dans le sud-est de la Suède. A la veille de son 90ème anniversaire, Astrid Lindgren écrivait dans une "Lettre au peuple suédois" publiée par les quotidiens du pays: "C'est emmerdant de vieillir".

C’est en 1944 que l’auteur rédige "Fifi Brindacier". Compilation destinée à sa fille rassemblant toutes les histoires qu’elle lui lisait lorsque celle-ci était malade, ce livre est devenu par la suite l’un des grands classiques de la littérature enfantine. Il raconte la vie d’une jeune fillette aux drôles de manières et à l’apparence quelque peu dérangeante, vivant seule dans une grange avec son cheval, son singe, un arbre à chocolat et à limonade ainsi qu’une valise pleine d’or! Tout d’abord refusé par un grand éditeur, le texte sera ensuite publié en 1945 accompagné des illustrations de d’Ilon Wikland, et rencontrera un grand succès tant auprès des critiques qu’auprès du jeune public.

Simplicité, efficacité

Le système narratif de Lindgren est simple mais efficace ; pas de morale, pas d’attendrissement et encore moins de modèles. Comme l’explique Lars Forsted, spécialiste de la littérature pour enfants chez Rabén et Sjoegren, "Fifi répond au besoin des enfants de s’approprier le monde". Les autres personnages créés par Lindgren fonctionnent sur le même système où la romancière exprime son approche affectueuse des enfants en valorisant leur volonté de grandir. Elle exprime la vérité brutale des rapports entre enfants et donne souvent une vision acerbe des adultes. Jamais elle n’a désiré remettre en question l’ordre social, son ambition étant de prouver qu’une éducation en faveur de l’autonomie de l’enfant est efficace. Ceci lui permettant de se réconcilier avec le monde et son fonctionnement actuel.
Astrid Lindgren Ericsson a écrit plus de 50 romans traduits en plus de 60 langues. Mais elle a aussi rédigé d’innombrables contes et nouvelles souvent adaptés à la télévision ou au cinéma. Notons enfin que son oeuvre a été à l'origine de la création à Stockholm de Junibacken, un musée créé spécialement pour les enfants, qui est l'un des lieux les plus visités de la capitale suédoise. Et enfin qu’un autre musée lui est consacré à Vimmerby.

Julien Gilles
(07 février 2002)

Bicentenaire de
Victor Hugo

Né en 1802, il est un des auteurs consacrés de la littérature française. Il fut poète, romancier, dramaturge, et il s'est même essayé à la politique.

Cette année, la célébration du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo nous permet de rappeler et d'honorer la puissance créatrice et la justesse des combats politiques de ce grand maître des lettres. Né le 26 février 1802, il est un des auteurs consacrés de la littérature française.
Sa vie s'est faite de successifs revirements, succès, échecs et triomphes au gré du XIXe siècle qui a vu se succéder la Royauté, la République, les révolutions et les luttes sociales. Il a vécu entre la création littéraire et les luttes politiques.
En tant qu'écrivain, il avait à peine 20 ans et son premier recueil poétique Odes dévoilait déjà son génie. Vite, il est devenu le leader des artistes et des poètes qui l'entouraient, et c'est lui qui devint le maître Romantisme, dont la préface de "Cromwell" (1827) fut le manifeste. Les années sont passées et son œuvre ne cesse d'époustoufler! Elle est marquée par les valeurs les plus nobles, telles que la fraternité, la bonté, le labeur, la justice et l'amour, comme en témoignent Les Misérables, Notre-Dame de Paris, Hernani entre autres.

Une vie d'exilé très féconde

Par rapport au politicien, Victor Hugo fut d'abord ultra-royaliste, puis partisan d'une démocratie libérale. Au fil des ans, il affiche ses positions progressistes. Les mots d'ordre de ses discours sont la misère, la liberté de l'enseignement et de la presse, le suffrage universel, l'abolition de la peine de mort... Résultat, ses idéaux politiques lui ont poussé à l'exil plusieurs fois, en Belgique, à Jersey et à Guernesey.
Or sa vie d'exilé ne sera pas moins féconde, au contraire, c'est une période foisonnante soit au niveau littéraire soit au niveau politique. "Les Châtiments", "Les Contemplations", "La Légende des siècles" et "Les Misérables" datent de cette période-là.
Certes, on arrive au troisième millénaire et l'oeuvre hugolienne demeure universelle et intemporelle. Exploitée par le cinéma, elle est l'argument d'environ 65 films. Esmeralda, Quasimodo, Jean Valjean, voici des personnages qu'on n'oubliera jamais.

Alexandra Botelho
(06 février 2002)

Retour sur
Pierre Bourdieu

Cet "intellectuel critique" a révolutionné la sociologie du 20ème siècle de par sa façon d'associer théorie et pratique en prenant part aux mouvements sociaux. Il a vivement critiqué le néolibéralisme et la mondialisation alors qu'il exerçait son poste de professeur-titulaire de la chaire de sociologie au Collège de France. Il nous a quittés à 71 ans.

Internationalement reconnu, ce philosophe de formation pèse lourd dans la sociologie moderne. En effet ses travaux sur la sociologie critique, la révolution qu'il a fait subir à la discipline dans les années 60, et ses dénonciations envers le système actuel, le néolibéralisme et la mondialisation font de lui l'un des personnages clé de la sociologie du 20ème siècle.
Sa mort a entraîné énormément de réactions.
Bourdieu était un homme engagé, il prenait part dans la lutte pour les sans-papiers, les sans-logis, le combat contre la globalisation, le combat des cheminots grévistes de la gare de Lyon ou encore la critique de la presse politique du gouvernement Jospin. Mais le nombre et la variété des causes défendues par le sociologue n’ont d’égales que celles de ses œuvres et de son parcours.

De l'Algérie à la télévision

Il consacre ses premiers travaux à l’Algérie, pays ou il enseigne de 1958 à 1960. Ensuite nommé directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales en 1964, il propose une critique du système éducatif dans "Les héritiers, les étudiants et la culture" en 1964 et dans "La reproduction" en 1970. Entre ces deux parutions il publie sept ouvrages qui vont lui apporter une grande renommée. Il apporte ensuite une nouvelle vision de la sociologie avec « Question de sociologie ». Au début des années 90, il crée la revue "Liber" et radicalise ses positions. Avec "La Misère du monde" en 1993, il met en évidence les causes sociales de la souffrance en France en analysant les couches les plus pauvres de la société et dénonce la trop grande immobilité de l’état. En 1997 il écrit son petit livre rouge sur la télévision dans lequel il dénonce les effets pervers et le danger important que ce média représente dans la vie publique et politique française.
Bref Bourdieu est l'auteur d'une oeuvre complexe; très étendue et pas aussi uniforme que le laissent entendre les "anti-bourdieusards". Il ne s'agit pas d'accepter Bourdieu en bloc ou de rejeter tout ce qui y a trait de près ou de loin mais au contraire, d'apprécier à sa juste valeur la pensée d'un intellectuel qui aura été sans aucun doute l'un des plus grands sociologues du XXe siècle.

Julien Gilles
(04 février 2002)

Sur la route de
Madison: la suite

L'auteur de "Sur la route de Madison" vient de terminer la suite du roman -qui avait été adapté au cinéma en 1995 avec Clint Eastwood et Meryl Streep- et devrait la publier en mars.

Le livre et le film racontent l'histoire d'amour entre la femme d'un fermier de l'Iowa, Francesca Johnson, et Robert Kincaid, un photographe du National Geographic de passage. La date de publication du deuxième tome a été fixée en mars sous le titre: "A Thousand County Roads, An Epilogue To The Bridges of Madison County", ce qui signifie à peu près "Un millier de petites routes".
Joint au téléphone dans son ranch d'Alpine, au Texas, Robert James Waller a refusé d'en dévoiler l'intrigue mais il a assuré que les deux personnages principaux y figuraient. "Il y a un certain nombre de surprises auxquelles les lecteurs ne s'attendent pas", a-t-il promis. "Il y a des retournements vers la fin de la vie de Robert Kincaid".
Publié en 1992, "Sur la route de Madison" était resté pendant 162 semaines dans la liste des best-sellers du "New York Times".
Traduit en 35 langues, il a été vendu à plus de 12 millions d'exemplaires.

JFN
(11-13 janvier 2002)

Alvaro Mutis:
Prix Cervantès

Alvaro Mutis, un des écrivains les plus célèbres d'Amérique Latine! Si vous n'avez pas encore lu un de ses bouquins, hâtez-vous, une fois qu'on commence, on ne peut plus s'arrêter!

Alvaro Mutis, auteur colombien de 78 ans, est le récipiendaire de l'édition 2001 du prix Cervantès. Selon l'écrivain espagnol Antonio Gala, Mutis "mérite le Cervantés depuis longtemps". Pour preuve une carrière faite de succès: son oeuvre a été traduite, publiée et reconnue en France, Allemagne, Italie, Hollande, Turquie, Grèce, Israël, Portugal, Etats Unis, Brésil et Colombie.
En ce qui concerne le prix, si celui-ci est vraiment important il n'est pas le premier. Il en a déjà reçu plusieurs depuis les années quatre vingt, parmi lesquels le Prix National de Poésie en Colombie, 1983; nomination au titre de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres du gouvernement de la France, en 1989; Prix Caillois, 1993, attribué par la société française de lecteurs de Roger Caillois; Prix Los Abriles, 1985, pour son œuvre "Los Emisarios"; Prix Xavier Villaurrutia, 1988, pour les romans "La muerte del estratega" et "Ilona llega con la lluvia"; encore en France Prix Médicis, meilleur roman étranger, 1989; en Italie Prix International Nonino, 1990; Prix de l'Institut Italo-Latino Americano de Roma, pour le roman La nieve del almirante, en 1992; Prix Prince des Asturies des Lettres en 1997. Arrêtons les frais!
Comme on peut constater, son œuvre et son nom se répandent hors les frontières colombiennes. Une oeuvre qui s'impose par son style, par l'universalité et intemporalité des thèmes.
Un conseil: lisez "Illona llega con la lluvia" ("Illona arrive avec la pluie"), adapté au cinéma en 1998!

Alexandra Botelho
(28-31 décembre 2001)

Prix du livre
de jeunesse

Le Salon du livre de jeunesse de Montreuil en Seine-Saint-Denis, qui tenait sa dix-septième édition du 28 novembre au 3 décembre, a décerné ses prix annuels, le "Baobab", récompensant un album illustré pour petits, et les "Tam-Tams", reconnaissant des romans pour les 7-14 ans.

Le "Baobab", prix parrainé par le journal le Monde et décerné par un jury d'écrivains, journalistes et libraires, présidé cette année par Jean Vautrin, est revenu à "Jésus Betz", texte de Fred Bernard et illustrations de François Roca (Seuil jeunesse). Cet album raconte la vie d'un garçon né de la misère au début du siècle dernier, né aussi sans bras ni jambes et qui pourtant réussira à vivre digne et droit et même à connaître l'amour. Hymne à la rage de vivre, la foi en l'homme et au respect de la différence, rehaussé de grandes images pleine page aux couleurs rouges et chaudes.
Les "Tam-Tams", prix parrainés par Bayard éditions et décernés par un jury d'enfants (mille jeunes du primaire et du début du collège ayant voté en classe sur sélection préparée par libraires et bibliothécaires), ont mis cette année les Anglais à l'honneur.
Le prix 7-10 ans est revenu à "Avril et la poison" d'Henrietta Brandford (Gallimard jeunesse). Décédée il y a quelques mois à l'âge de 55 ans, elle y raconte l'histoire d'Avril, orpheline et nièce à héritage, en butte aux sournoises manoeuvres d'une tante indigne, la bien nommée Vipérine.
Le prix 10-14 ans est revenu au "Royaume de Kensuké" de Michael Morpurgo (Gallimard jeunesse également), l'histoire d'une amitié entre un jeune Anglais et un vieux Japonais, d'une confrontation entre deux âges, deux cultures.

JFN
(5 décembre 2001)

Spinrad-Files

Né en 1940, ce new-yorkais originaire du Bronx est, avec son grand pote, le défunt Philip K. Dick (Blade Runner, Ubik), l'une des plus grosses pointures de la S.F. des Sixties. En 67, son magistral Jack Barron et l'éternité lui ouvre les portes de la renommée Et celles du scandale.

Dans ce livre "coup de poing", le jeune auteur, armé d'une langue électrique et châtiée au possible, prévoyait déjà qu'un présentateur-télé, ou un acteur à la manque, pourrait devenir président des U.S. ! Vingt-cinq ans plus tard, il récidivera d'ailleurs contre l'univers cathodique, avec En Direct, opus où des eco-terroristes rançonnant une chaîne de télé, finissent par être les otages des médias!
La S.F. de Spinrad (une vingtaine de romans) s'inscrit dans la contemporanéité. Ce sont des spéculations sur le Présent. Pour comprendre cette approche, il faut rappeler que l'auteur est issu de la contre-culture des années 60-70. De cette Amérique anti-guerre du Viêt-Nam, anti-raciste, et qui célébra les drogues, la libération sexuelle, les Gratefull Dead Le grand apport de Spinrad, et du courant dit de la "new wave" ce fût, précisément, de sortir la S.F. de l'ornière ado, des vieux mythes scientistes, pour y intégrer le sexe, la politique, les expériences de langage, la géopolitique, faisant par-là même de la Science Fiction un genre de prédilection pour les amateurs de subversion.

Des crocos dans la Seine

Un chemin suivi, depuis, par les William Gibson (Neuromancien) ou les Chuck Palahniuk (Fight-club) En plus de trente ans de carrière, Spinrad s'est attaqué, tour à tour, à la guerre du Viêt-Nam (Solariens), au Show-Biz (Rock Machine), à l'Amérique de Reagan (Les années Fléaux), à l'URSS de Gorbatchev (Le Printemps russe) Aujourd'hui, avec Bleue comme une Orange, il jette son dévolu sur le réchauffement climatique, dans un Paris tropical avec crocos dans la Seine, et des nations-entreprises poursuivant, à coup de tractations diplomatiques, d'espionnage, de flingages, et d'intox médiatiques, le contrôle du thermostat de la planète. Du Spinrad tout craché.

JFN
(14 novembre 2001)

Nostradamus a le vent
en poupe sur la Toile

La vague d'attentats qui a frappé les Etats-Unis a provoqué une "recrudescence des fausses prophéties" sur le web, où les "Centuries" de Nostradamus ont le vent en poupe, a déclaré un expert du célèbre astrologue.

"On connaît bien ce phénomène. A chaque crise, on constate un pic de consultation des oeuvres de Nostradamus. C'est d'ailleurs le livre le plus consulté au monde après la Bible", a expliqué à Reuters Jacqueline Allemand, conservatrice du musée Nostradamus de Salon-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, la ville où est décédé l'astrologue.
Depuis le 11 septembre, le nom de Nostradamus figure parmi les "quatre demandes les plus répertoriées" sur l'ensemble des moteurs de recherches internet.
La conservatrice met toutefois en garde contre l'utilisation excessive des prophéties de Nostradamus.
"Son oeuvre est d'une grande richesse intellectuelle mais on peut lui faire dire un peu n'importe quoi. Personne ne peut traduire ses prédictions et les pseudo-révélations qui fleurissent sur le web sont fantaisistes et absurdes", dit-elle.
Michel de Nostredame, dit Nostradamus, est né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy de Provence. Ses "Centuries" ont inscrit son nom dans l'histoire. Le caractère mystérieux de ses prédictions autorisent de nombreuses interprétations. Il est mort le 2 juillet 1566, à l'âge de 66 ans.
A Salon-de-Provence, un musée a été érigé sur l'emplacement de la maison où la reine de France Catherine de Médicis était venue le consulter et les habitants sont habitués à "l'effervescence" de ces moments de crise.
"Pendant la guerre du Golfe, durant les attentats de Paris ou avant l'éclipse de 1999, on s'est référé à ses prédictions, tantôt pour effrayer et tantôt pour rassurer. C'est devenu une habitude", explique, fataliste, Jacqueline Allemand.

JFN
(9 octobre 2001)

Industries "pharma":
John Le Carré accuse

"Quand j'en ai entrouvert la porte, le milieu pharmaceutique m'a pris à la gorge et ne m'a plus lâché", a dit John Le Carré à propos de son dernier roman "La constance du jardinier", un violent réquisitoire contre cette industrie.

"Tout y était: les espoirs et les rêves que l'on nourrit à son égard, son potentiel bénéfique infini mais encore en partie inexploré et ses coulisses obscures où règnent l'amoralité, l'hypocrisie, la corruption et l'avidité des laboratoires", a-t-il expliqué à la presse britannique.
Selon lui, les "péchés flagrants" des grands groupes pharmaceutiques sont:
- "le dumping de médicaments inadaptés ou périmés auprès de populations dont ils savent qu'elles n'y verront que du feu".
- "la surtarification arbitraire de leurs produits, renforcée par l'application draconienne de leurs brevets".
- "l'extension délibérée des indications de leurs médicaments dans le but de ratisser plus large, au mépris des conséquences thérapeutiques, de sorte qu'un antalgique réservé aux cancéreux en phase terminale en Angleterre ou aux Etats-Unis peut se retrouver prescrit aux Africains contre de banals maux de tête".
- "l'occultation de contre-indications ou d'effets secondaires".
- "les multiples campagnes, soutenues par le gouvernement américain, visant à empêcher la fabrication de médicaments génériques dans des pays qui ne peuvent pas se permettre les prix occidentaux exorbitants (quand la Thaïlande a voulu produire des génériques, le département d'Etat l'a menacée de sanctions sur ses importations de bois)".
Pour John Le Carré, "la trithérapie antisida actuellement disponible aux Etats-Unis, et dont tous les composants sont brevetés, coûte 10.000 dollars par patient et par an. Un fabricant de génériques américain, auquel on a demandé de calculer le prix du même traitement hors brevets, l'a estimé à 230 dollars par patient et par an, marge du fabricant comprise, sinon moins encore au Brésil, en Thaïlande ou en Inde. Ce serait formidable, non?".

JFN
(3 octobre 2001)

Michael J. Fox
sort sa biographie

Michael J. Fox est en train de préparer sa biographie qui devrait être terminée pour le mois de septembre et être prête pour une parution en janvier.

Elle s'intitulera Lucky Man, ce qui signifie tout aussi bien homme chanceux qu'homme heureux, et racontera sa bataille contre la maladie de Parkinson pour laquelle il a déjà créé une fondation en mai 2000.
Il lui a donné ce titre, car sa maladie a des côtés positifs, elle lui a permis de voir la vie autrement : "De nombreux côtés, la maladie a été un don du ciel pour moi. Cela m'a sorti de ma merde de showbiz et cela m'a fait réaliser qu'il y avait des choses plus importantes dans la vie. Cela m'a vraiment fait m'investir dans des domaines dans lesquels je ne me serais jamais investi sinon.
Cela m'a donné l'opportunité de me recentrer sur les personnes qui signifient vraiment quelque chose pour moi : ma famille, ma mère, mon père, ma grand-mère, ma femme, mes enfants, mes collaborateurs.
"

JFN
(15-17 juin 2001)


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